
Le loup blanc approche de la masse couchée
Gisante, inerte et froide, de neige enveloppée.
Les yeux, jadis d’or, vers le ciel tournés
Recouverts aujourd’hui par un voile givré.
Il fouille de sa gueule dans la fourrure épaisse,
La langue douce ébauche une ultime caresse,
Se couche endolori par la peine profonde
La tête reposant sur la blessure immonde.
Quelques minutes encore, enfin il se relève,
Droit, campé sur ses pattes, le long museau s’élève
Vers la lune rougie, semblant éclaboussée
Du sang frais de la bête, par la mort terrassé.
La nuit s’est éveillée, les oiseaux se sont tus.
La forêt bouleversée s’emplit de la complainte,
Du chant de désespoir de l’ami éperdu
Qui pleure longuement sur une flamme éteinte.